4.

Ils sont vingt-neuf, mais on les appelle les « trente ».

Ce sont les députés girondins décrétés d’arrestation. Mais douze, dont Brissot et Buzot, comme aussi Roland sont en fuite. Les dix-sept autres sont « arrêtés », et gardés par un gendarme à leur domicile. Et huit vont s’évader, dont Barbaroux, Guadet, Pétion.

Manon Roland est, elle, emprisonnée.

Tous espèrent que les départements vont se rebeller, et les députés qui se sont enfuis s’emploient à les soulever.

Les Girondins qui n’ont pas été décrétés d’arrestation organisent la protestation : soixante-quinze députés signent une pétition demandant l’annulation du décret. Et Vergniaud écrit à ses concitoyens de Bordeaux, déjà hostiles aux Montagnards :

« Hommes de la Gironde, levez-vous ! Vengez la liberté en exterminant les tyrans ! »

 

On ne compte qu’une trentaine de départements pour approuver le décret d’arrestation du 2 juin.

La cinquantaine d’autres ne comprennent pas ce qui vient de se produire à Paris, cette division entre patriotes, cette « chasse » aux Girondins.

On proteste, on se rebiffe, on « distingue Paris de ses tyrans et de la horde de brigands qui l’assiègent ».

On dénonce « une fraction liberticide coalisée avec les autorités constituées de Paris. Cette fraction ne dissimule plus ses desseins et nous traîne à la servitude à travers le sang. Et le crime même dans le temps de révolution est toujours crime. »

 

Cette Adresse de l’assemblée générale de l’Aude, on l’approuve à Bordeaux, à Nîmes, à Marseille, en Normandie.

À Caen, les Girondins décident de créer une armée qui devra marcher sur Paris. Ils en confient le commandement au général de Wimpffen, qui a participé à la guerre d’indépendance des États-Unis, a siégé à la Constituante et a défendu Thionville contre les Prussiens en 1792, mais qui est monarchiste. Il prend comme chef d’état-major Puisaye, qui fut en 1787 lieutenant-colonel et en 1789 élu de la noblesse aux États généraux. Il est proche des Vendéens.

Et ainsi cette résistance girondine, cette insurrection « fédéraliste » animée par des patriotes, va se voir dénoncée comme l’alliée, la pourvoyeuse des Vendéens, au moment même où la grande armée catholique et royale s’empare de Saumur et d’Angers, et attaque Nantes !

Jours difficiles.

L’ennemi est aux frontières. Et dès lors, ceux des patriotes que les Enragés, les sans-culottes, et même les Jacobins inquiètent, refusent de suivre les Girondins, les accusant de favoriser l’ennemi, les « émigrés », et l’armée des coalisés.

« Nous sommes chez nous, et nous avons la fièvre chaude de la liberté qui fait braver tous les dangers et nous défendons tout ce que nous avons de plus cher : nos foyers, nos femmes, nos enfants et surtout la liberté qui est un mot magique, qui nous ferait remuer l’univers. »

Et ce patriote, pourtant modéré, poursuit :

« Si la Convention était sage, si l’union y régnait, s’il n’y avait des milliers de fanatiques en rébellion dans le Poitou, l’Anjou, la Bretagne, nous ne ferions que rire des ennemis du dehors, nous n’aurions pas la plus légère inquiétude sur le sort de la République. »

 

Le 18 juin, s’appuyant sur cette opinion, la Convention décrète que :

« Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. »

Un député girondin, Mercier, lance, avec une pointe de sarcasme dans le ton :

« Avez-vous fait un traité avec la victoire ? »

Et c’est Basire, un conventionnel proche de Danton, qui lui répond :

« Nous en avons fait un avec la mort ! »

Et Jacques Roux, l’Enragé, ajoute que le seul moyen de consolider la Révolution, c’est « d’écraser les aristocrates et les modérés dans la fureur de la guerre. »

À entendre ces mots, à découvrir cet amalgame entre modérés et aristocrates, l’inquiétude, l’angoisse saisissent un grand nombre de citoyens.

Les premières mesures prises par la Convention « épurée » sont en faveur des « petits » paysans, auxquels on offre la possibilité d’acquérir par petits lots les biens nationaux, ou bien des parcelles de « communaux », et d’accéder ainsi à la propriété. Dans la Constitution de l’an I de la République qui s’élabore, on proclame que « le but de la société est le bonheur commun ». On affirme le droit au travail, à l’assistance, à l’instruction.

En même temps on proclame le « droit de propriété » et la « liberté de travail, de culture, de commerce, d’industrie ». Mais est-ce autre chose que des mots ?

Et il y a cet article 35, si général dans les termes qu’il peut permettre toutes les interprétations :

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs. »

Qui définira les « droits du peuple », la « portion du peuple » ? Sera-ce Jacques Roux l’Enragé, qui déclare qu’il ne faut mettre sous les yeux du peuple que les dangers de la patrie ? Et qu’il faut « sonner dans toute la France le tocsin de l’insurrection » ?

 

Robespierre, aux Jacobins, d’un ton méprisant s’en prend à Jacques Roux, « un intrigant, un homme ignare, un mauvais sujet, un faux patriote ».

Et l’incorruptible distille le poison.

« Croyez-vous, dit-il, que tel prêtre, qui de concert avec les Autrichiens dénonce les meilleurs patriotes, puisse avoir des vues bien pures, des intentions bien légitimes ? »

Voilà le soupçon de la trahison inoculé.

Il faut bâillonner ce Jacques Roux, dont la parole est écoutée par le peuple, il faut faire taire cet Enragé qui s’en prend aux Montagnards, à Danton, à Robespierre, qui ose dire :

« Les riches seuls depuis quatre ans ont profité des avantages de la Révolution… Il est temps que le combat à mort que l’égoïste livre à la classe la plus laborieuse de la société finisse. » Roux martèle les mots à la tribune de la Convention.

Il parle au nom des Cordeliers, auxquels se sont jointes les sections de Bonne-Nouvelle et des Gravilliers. C’est une sorte de Manifeste des Enragés qu’il présente, interpellant les députés de la Montagne :

« Députés de la Montagne, que n’êtes-vous montés depuis le troisième jusqu’au neuvième étage des maisons de cette ville révolutionnaire, vous auriez été attendris par les larmes et les gémissements d’un peuple immense, sans pain et sans vêtements, réduit à cet état de détresse et de malheur parce que les lois ont été cruelles à l’égard du pauvre, parce qu’elles n’ont été faites que par les riches et pour les riches, Ô rage, ô honte du XVIIIe siècle ! »

Les députés se lèvent, le conspuent.

Robespierre reste figé mais son visage est plus pâle que d’habitude, ses lèvres plus pincées encore.

Il n’accepte pas cette remise en cause.

C’est Maximilien Robespierre et lui seul qui doit parler au nom du peuple et dans l’intérêt du peuple.

N’a-t-il pas dit, dès le 6 juin :

« Les dangers intérieurs viennent des bourgeois, pour vaincre les bourgeois, il faut rallier le peuple » ?

Les bourgeois, ce sont les Girondins.

« Il faut que l’insurrection actuelle continue, poursuit Maximilien, jusqu’à ce que les mesures nécessaires pour sauver la République aient été prises… Il faut procurer des armes aux sans-culottes, les colérer, les éclairer : il faut exalter l’enthousiasme républicain, par tous les moyens possibles. »

Mais chez de nombreux citoyens, qui ne sont pas enrôlés dans l’un ou l’autre parti, qui ne suivent ni les Cordeliers, ni les Enragés, ni les Girondins, ni les Jacobins, qui tentent seulement de comprendre ce qui survient dans cette Révolution qu’ils ont approuvée, dont ils furent souvent les acteurs, l’enthousiasme s’épuise, même si la volonté de défendre ce qui a été acquis depuis 1789 demeure.

« Je suis inquiet, tout patriote que je suis, de ce qui se passe chez les Jacobins où je ne suis pas allé, écrit Ruault.

« On a fait un scrutin épuratoire depuis plus de quinze jours et je n’ai point reçu ma lettre de rappel, sans laquelle aucun membre ne peut entrer dans cette société. D’où je conclus que j’ai été rejeté au scrutin, comme imprimeur du froid et réservé journal Moniteur.

« Il est vrai que je ne suis pas jacobin à la manière de Marat, de Robespierre et de Danton.

« Je le suis comme tout bon républicain qui voudrait voir la paix et le bonheur bien établis dans sa patrie et très désolé d’y voir au contraire régner le trouble et la misère.

« Mais rejeté ou non de cette société qui devient plus terrible de jour en jour, je resterai toujours attaché aux principes républicains. »

 

Ruault ne se doute pas, lorsqu’il écrit cette lettre, le 11 juin 1793, que Marat, Robespierre, Danton, ces hommes qu’il ne veut pas suivre et qu’il craint, sont, malgré les citoyens qui les soutiennent et applaudissent leurs discours, eux-mêmes saisis par l’inquiétude, une sorte d’hésitation, et même la tentation du retrait.

 

Marat est malade, le corps dévoré par cette maladie de peau qui l’oblige, en ce printemps 1793, déjà chaud, à tenter de retrouver un peu d’apaisement en passant des heures dans son bain.

Il y lit. Il y écrit.

Il manque d’argent. Son Publiciste de la République française, ce journal qu’il tente de diffuser, ne se vend pas, et donc ne se lit guère.

« Les dégoûts que j’éprouve sont à leur comble, écrit Marat. Permettez que je respire un instant. C’est trop d’avoir à combattre la scélératesse des ennemis de la liberté et l’aveuglement de ses amis… »

Il survit, grâce au dévouement de Simone Évrard, une ouvrière à laquelle il a, en janvier 1792, promis le mariage sans donner suite à ce projet.

On continue cependant à l’insulter et cette avalanche d’injures l’affecte.

Il lit dans le Journal français :

« Comme ces chiffonniers qui fouillent sans cesse dans les tas d’ordures, les Parisiens ont judicieusement fouillé dans la lie la plus fétide de la nation pour en extraire un Dieu et ce Dieu c’est Marat. Juste ciel ! Quelles idoles, quel culte et quels adorateurs !

« Ô ma patrie, étais-tu donc réservée à ce comble d’opprobre et d’ignominie… Quel titre peut avoir Marat à leur amour, lui que la nature a condamné à la plus déplorable nullité ?… Il en a de très réels : depuis quatre ans il n’a jamais ouvert la bouche que pour dire : pille ou tue. Jugez s’il doit être adoré ! »

 

Marat est épuisé, irrité, accablé.

Il prend la décision de « suspension volontaire » de sa charge de député.

« Impatient d’ouvrir les yeux de la nation abusée sur mon compte par tant de libellistes à gages ; ne voulant plus être regardé comme une pomme de discorde et prêt à tout sacrifier au retour de la paix, je renonce à l’exercice de ces fonctions de député jusqu’après le jugement des députés [girondins] accusés. »

Mais cette lettre adressée à la Convention n’a que peu d’écho.

« Depuis trop longtemps la Convention s’occupe des individus, dit le député Basire. Il faut enfin parler des choses. »

 

On vote la Constitution de l’an I, qui sera soumise au peuple, et le 27 juin, pour saluer son adoption par les députés, on tire le canon, on organise une fête civique au Champ-de-Mars.

Mais elle n’a pas grand retentissement.

« On dit tout haut, rapporte un bulletin de police, que la Convention promet beaucoup mais n’agit pas. »

Et pourtant, elle adopte une série de mesures qui devraient séduire les sans-culottes, les plus pauvres.

Ainsi, les enfants naturels, si nombreux, exclus jusqu’alors, sont admis à la succession.

Ainsi, les riches sont contraints de contribuer à un emprunt forcé de un milliard.

Ainsi, on affirme le principe des « secours publics » aux citoyens démunis.

Mais malgré cela, l’insatisfaction, le scepticisme, la passivité demeurent.

Et Marat reconnaît avec amertume que peu de choses ont changé depuis quatre ans, par le « défaut d’énergie et de vertu des patriotes qui siègent dans l’Assemblée ».

Et il est d’autant plus affecté qu’il reçoit de plus en plus souvent des lettres de menaces.

Il ne craint pas la mort, mais la haine dont ces missives témoignent le blesse.

« Ton châtiment se prépare », dit l’une.

« Apprends, dit une autre, que tu ne commettras plus impunément les crimes qui t’ont renommé… l’orage ne doit pas tarder à éclater… Et tu expireras justement dans les tourments dus au plus scélérat des hommes. »

 

Marat s’ébroue. Simone Évrard tente de l’apaiser, en passant sur sa peau irritée des serviettes humides. Mais les démangeaisons ne cessent pas, et la lecture des journaux, des lettres reçues, avive l’amertume de Marat. Et sa peau brûle.

Il a le sentiment d’être le meilleur, le plus lucide de ceux vers qui le peuple se tourne.

 

Que valent les autres ?

Danton est un corrompu, à la fortune récente, acquise sans doute en puisant dans les coffres des ministères et peut-être dans ceux de la Cour et des puissances coalisées !

Et ce Danton se vautre dans la jouissance.

Il y a quelques mois, en février 1793, son épouse Gabrielle Charpentier est décédée après avoir accouché d’un quatrième enfant !

Ah ! la belle douleur que celle de Danton dont on savait qu’il trompait quotidiennement Gabrielle !

Il rentre de Belgique où il complotait avec Dumouriez.

On l’entoure, on essaie de le consoler.

« Je t’aime plus que jamais et jusqu’à la mort, dès ce moment je suis toi-même », lui écrit Robespierre.

Et Collot d’Herbois, au club des Jacobins, assure que Gabrielle Charpentier est morte d’avoir lu les infamies écrites par les Girondins contre Danton.

« Les Girondins ont fait périr une citoyenne que nous regrettons, que nous pleurons tous. »

Et Danton fait exhumer le corps de Gabrielle pour que l’on pratique un moulage de son visage… Et il fera exposer le buste de la morte au salon des Arts…

Impudeur !

Entre-temps, il a épousé sa voisine, Louise Gély, une jeune fille de seize ans ! Le contrat de mariage est signé le 12 juin, et c’est Danton qui verse la dot, comme s’il avait acheté sa jeune vierge. Un prêtre réfractaire célébrera le mariage. Et Danton, que brûle ce renouveau de jeunesse, quitte les assemblées, dès qu’il le peut, pour retrouver Louise Gély. Il s’engloutit dans les plaisirs, les agapes, les longs séjours dans sa propriété de Sèvres, qu’il a choisi de nommer « Fontaine d’amour ».

D’où lui viennent les fonds qu’il dilapide ?

 

Danton se défend en serrant la gorge des Girondins qui l’accusent.

Il les attaque avec d’autant plus de vigueur que, dans les départements, les Girondins suscitent l’insurrection « fédéraliste » contre Paris et la Convention.

Alors Danton, accusé, menacé, rugit.

« Il y avait de la crinière dans sa perruque. Il avait la petite vérole sur la face, une ride de colère entre les sourcils, les plis de la bonté au coin de la bouche, les lèvres épaisses, les dents grandes, un poing de portefaix, l’œil éclatant. »

Il s’en prend à Brissot, aux députés girondins en fuite qui, en Normandie, rassemblent une armée.

« Ce Brissot, ce coryphée de la secte impie qui va être étouffée, tonne Danton, ce Brissot qui vantait son courage et son indigence en m’accusant d’être couvert d’or, n’est plus qu’un misérable qui ne peut échapper au glaive des lois… »

Sans les canons du 31 mai et du 2 juin, sans l’insurrection, les conspirateurs triomphaient !

« Je l’ai appelée, moi, cette insurrection lorsque j’ai dit que s’il y avait dans cette Convention cent hommes qui me ressemblent nous résisterions à l’oppression, nous fonderions la liberté sur des bases inébranlables. »

 

Et les Montagnards, en écoutant Danton, oublient qu’ils ont eux-mêmes porté contre le tribun les accusations de corruption, et qu’ils en ont fait souvent un « suspect », voire un agent du ci-devant duc d’Orléans, grand comploteur, grand distributeur de fonds secrets.

À la tribune des Jacobins, on applaudit Danton.

« Tu as sauvé hier la République dans la Convention », lui lance le député Bourdon de l’Oise, ancien procureur au Parlement de Paris, qui a usurpé son siège à la Convention en utilisant une homonymie.

Ce Bourdon de l’Oise, laudateur de Danton ce soir-là, joint selon Robespierre « la perfidie à la fureur ».

 

Mais en ce mois de juin 1793, Robespierre n’a pas la voix assez forte pour se faire entendre.

Lui aussi, comme Marat et Danton, hésite.

Tous trois pressentent que la Révolution, en décrétant l’arrestation des députés girondins qui furent leurs « frères » en 1789, vient de franchir une étape.

Et Marat, Danton, Robespierre marquent, durant quelques semaines, le pas.

« Robespierre, note Marat le 19 juin, est si peu fait pour être un chef de parti qu’il évite tout groupe où il y a du tumulte et qu’il pâlit à la vue d’un sabre. »

Et Maximilien, qui a la vanité d’un écorché vif, toujours prêt à soupçonner ceux qui le critiquent, se raidit, hautain, méprisant, passant de l’accusation à la confession, et du désir de vaincre à celui de se retirer.

Le 12 juin, il parle devant les Jacobins médusés, atterrés.

« Je n’ai plus la vigueur nécessaire pour combattre l’aristocratie », commence-t-il.

Après un moment de stupeur les Jacobins protestent, mais d’un mouvement de tête Maximilien impose le silence, reprend :

« Épuisé par quatre années de travaux pénibles et infructueux… »

Les Jacobins se récrient.

« Infructueux ? »

Depuis la réunion des États généraux en mai 1789, rien n’aurait-il donc changé ?

Robespierre parle comme Jacques Roux et Marat !

« Je sens, poursuit Maximilien, que mes facultés physiques et morales ne sont point au niveau d’une grande révolution et je déclare que je donnerai ma démission. »

La voix de l’incorruptible s’est affaiblie, le discours devenant un aveu.

Mais quand les Jacobins, debout, crient qu’ils n’acceptent pas que Robespierre quitte la place, qu’ils lui donneront par leur soutien, leur énergie, la force de continuer son combat indispensable à la patrie, Robespierre se redresse :

« Nous avons, dit-il, deux écueils à redouter, le découragement et la présomption. »

On sait que son moment de faiblesse est déjà oublié, qu’il n’a peut-être été qu’une mise en scène pour s’assurer de la fidélité des Jacobins, les entraîner dans le combat contre les aristocrates, les Vendéens, les Girondins et aussi ces Enragés qui détournent le peuple des justes causes, et ce prêtre, Jacques Roux, « cet homme qui ose répéter les injures prétendues patriotiques ».

Jacques Roux, dit Robespierre, n’est comme Brissot qu’un agent de Pitt et de Cobourg, un allié, un stipendié de l’Angleterre, des princes allemands et des émigrés.

Il faut faire confiance, ajoute Maximilien, aux « vieux athlètes de la liberté », les Montagnards. Et, accompagné d’Hébert et de Collot d’Herbois, il se rend le 30 juin 1793 au club des

Cordeliers, et il obtient que Jacques Roux en soit exclu, et Varlet, suspendu !

« Il faut une volonté une », dit Robespierre. C’est à lui de la forger.

Déjà, il fait entrer au Comité de salut public Couthon et Saint-Just, ses proches, et lui-même envisage de s’y présenter.

Car le Comité de salut public doit être le cœur de l’action de la Convention, l’expression de la volonté révolutionnaire, le glaive de la patrie.

 

Et les patriotes modérés, réservés, inquiets, souhaitent que l’on défende la nation.

« Je suis désolé de notre situation intérieure, écrit Ruault. On dit que les Girondins veulent se rassembler au centre de la France, à Bourges, et y créer une autre Convention ! Ce serait le comble de nos malheurs s’ils en venaient à bout…

« Faudrait-il donc que la France se déchire et périsse parce que trente individus qui ont voulu la bouleverser ont changé de place, ont été mis dehors de l’Assemblée des représentants du peuple ?

« Les journées du 31 mai et du 2 juin mettent en état de révolte ou d’insurrection des villes, des départements mal instruits du fond des choses. Elles ne sont pas légales, on le sait ! Mais y a-t-il quelque action légale en révolution ? »

Si les départements l’emportaient, « la France deviendrait la curée de cinq ou six princes étrangers ».

Aucun patriote ne peut l’accepter.

Et pour cela il faut – et c’est un modéré qui parle – « mettre fin à tant de débats insensés et furieux… et l’on ne parlera pas plus de Girondins que s’ils n’eussent jamais existé ».

Ces propos tombent comme le couperet de la guillotine. De mars à septembre 1793, le Tribunal révolutionnaire prononce de cinq à quinze condamnations à mort chaque mois.

Aux armes, citoyens !
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